Ma première Truite est mon premier film.

Comme pour toute première, il a fallu surmonter les difficultés : difficultés techniques avec la prise en main de ma première vraie caméra (un boitier Reflex nécessitant des bases photographiques solides) ou d’un logiciel de montage puissant, difficultés liées à la construction équilibrée d’une histoire, ou encore de l’importance de l’équilibre de la bande son.

Pour un débutant autodidacte, voir son projet aboutir sur un écran de cinéma est une joie emplie de fierté et de satisfaction. S’exposer à la critique n’est cependant pas le plus facile mais si on est photographe, c’est pour faire partager sa vision, si on est peintre ou sculpteur c’est aussi pour exposer sa vision artistique à ses contemporains. Vouloir faire un film, c’est donc accepter le regard des autres. Fort heureusement pour cette première expérience, les retours ont été plein d’enthousiasme et d’encouragements, ce qui m’a poussé à imaginer d’autres histoires et monter d’autres films avec cette préoccupation qui fait peut-être aujourd’hui ma « patte » : travailler autour de l’humain.

Je crois que l’inspiration première de ce projet est consécutive au visionnage d’un autre film de pêche particulièrement abouti techniquement et esthétiquement : Breathe de RC Cone. Nous avions projeté ce film au Rise 2012 et je découvrais alors le travail de ce jeune réalisateur américain ayant fait ses gammes dans le milieu du film de glisse. Je me souviens du témoignage d’un des personnages du film qui racontait comment l’espoir de continuer à pêcher à la mouche l’avait sorti de sa maladie et qui concluait son histoire personnelle en prononçant cette phrase qui a fait écho en moi : « l’espoir d’une vie réussie ».

Depuis un an ou deux, mon fils Jules, commençait à bien se débrouiller avec une canne à mouche. J’ai alors imaginé et construit l’histoire d’un vieux pêcheur se retournant sur sa vie pour se rendre compte que ce qu’il avait vécu durant son enfance allait finalement le marquer humainement toute sa vie. Comme si les enseignements du bord de l’eau quand on est gamin constituaient le fondement de nos plus belles qualités humaines.

Bien-sûr, ce film n’est certainement pas le plus abouti techniquement mais il est sûrement celui qui m’est le plus cher parce que les années passant, ces images du partage que j’ai pu vivre avec mon fils prennent de plus en plus de valeur. Et parce que comme l’inspirait l’instigateur de l’idée du film, et comme le conclut mon vieux pêcheur, Joseph, malheureusement disparu aujourd’hui : « Je suis devenu homme et au bord de l’eau je demeure enfant : l’idée d’un certain humanisme et d’une vie réussie… »

Mot du Président

Un des spectateurs, dans l’enthousiasme de l’après projection s’extasia : « c’est -Et au milieu coule une rivière- français ! ». J’aimerais le croire…