L’idée se dessina à la lecture de leur chemin de vie. Je me mis à l’écriture à mon tour avec un thème général autour de la transmission : transmission « horizontale » de par leur métier et transmission « verticale » puisque le virus de la pêche a été inoculé par leur père et est aujourd’hui en train de contaminer Nathan, le fils de Bernard.
Le texte, validé avec enthousiasme par les deux frangins, me servit alors de trame pour imaginer les scènes à filmer : mon story-board était en place et je poussais même la préparation à une sélection musicale qui donnerait la puissance aux images. Rendez-vous était pris début Juillet pour quatre jours de tournage dans le Haut Queyras et le Massif des Ecrins.
Quatre jours pour réunir les images d’un film de 12 minutes peut paraître aisé pour le béotien. Mais en quatre jours, je crois n’avoir dormi que l’équivalent d’une petite nuit. Entre les soirées tardives de ce début d’été où l’accueil et la convivialité de mes hôtes, de leur famille et de leurs amis se traduisait obligatoirement par de douces boissons et les matins de montagnards où l’on doit se lever bien avant le soleil pour crapahuter vers les lacs d’altitude et trouver la bonne lumière ou prendre un lever de soleil en Time-Lapse, l’organisme fut mis à rude épreuve. Et, c’est bien connu, l’épreuve soude. Bernard et Bastien m’ont livré leurs meilleurs coins et leur amitié, Jean Luc Bourgogne qui jouait le rôle de client dans le film nous a offert une incroyable hospitalité. Tout s’est construit dans la simplicité de rapports humains sains et entiers, tout s’est forgé autour d’une même passion et d’une même vision de la rivière, tout s’est assemblé sous la bienveillance de la majesté montagnarde.